DE NUAGES EN MARÉCAGES
17.03.22 - 16.04.22

CÉLIA MULLER
1
De nuages en marécages #14, 2022
Pastels secs et encre de tatouage sur papier
37,7 x 29,7 cm
Vendu
2
De nuages en marécages #16, 2022
Pastels secs et encre de tatouage sur papier
37,7 x 29,7 cm
Vendu
3
De nuages en marécages #3, 2022
Pastels secs et encre de tatouage sur papier
32,3 x 25 cm
Vendu
4
De nuages en marécages #9, 2022
Pastels secs et encre de tatouage sur papier
32,3 x 25 cm
Vendu
5
De nuages en marécages #10, 2022
Pastels secs et encre de tatouage sur papier
32,3 x 25 cm
Vendu
6
De nuages en marécages #6, 2022
Pastels secs et encre de tatouage sur papier
32,3 x 25 cm
Prix: 900 Euros
Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele
7
J’ai fait un rêve #1, 2019
Texte gravé sur manche de pelle
153,5 x 27 x 27,5 cm
Prix: 5 000 Euros
8
De nuages en marécages #19, 2022
Pastels secs et encre de tatouage sur papier
70 x 50 cm
Vendu
9
De nuages en marécages #20, 2022
Pastels secs et encre de tatouage sur papier
70 x 50 cm
Vendu
Célia Muller, De nuages en marécages #18, 2022, Pastel sec et encre de tatouage sur papier, 70 x 65 cm
10
De nuages en marécages #18, 2022
Pastels secs et encre de tatouage sur papier
70 x 50 cm
Vendu
11
De nuages en marécages #11, 2022
Pastels secs et encre de tatouage sur papier
32,3 x 25 cm
Vendu
12
De nuages en marécages #4, 2022
Pastels secs et encre de tatouage sur papier
32,3 x 25 cm
Vendu
13
De nuages en marécages #2, 2022
Pastels secs et encre de tatouage sur papier
32,3 x 25 cm
Prix: 900 Euros
14
De nuages en marécages #15, 2022
Pastels secs et encre de tatouage sur papier
37,7 x 29,7 cm
Vendu
15
De nuages en marécages #5, 2022
Pastels secs et encre de tatouage sur papier
32,3 x 25 cm
 Vendu
16
De nuages en marécages #1, 2022
Pastels secs et encre de tatouage sur papier
32,3 x 25 cm
Vendu
17
De nuages en marécages #7, 2022
Pastels secs et encre de tatouage sur papier
32,3 x 25 cm
Vendu
Célia Muller, De nuages en marécages #8, 2022, Pastel sec et encre de tatouage sur papier, 25 x 32,3 cm
18
De nuages en marécages #8, 2022
Pastels secs et encre de tatouage sur papier
32,3 x 25 cm
Prix: 900 Euros
Célia Muller, De nuages en marécages #17 , 2022, Pastel sec et encre de tatouage sur papier, 37,7 x 29,7 cm
19
De nuages en marécages #17, 2022
Pastels secs et encre de tatouage sur papier
37,7 x 29,7 cm
Prix: 1 100 Euros
20
De nuages en marécages #13, 2022
Pastels secs et encre de tatouage sur papier
37,7 x 29,7 cm
Vendu
21
De nuages en marécages #12, 2022
Pastels secs et encre de tatouage sur papier
32,3 x 25 cm
Vendu
22
J’ai fait un rêve #2, 2020
Pigments d’oxide de fer noir sur papier
400 x 544 cm
Vendu
« […] J’aime mieux parler de la pensée qu’on trouve par des chemins parallèles. » Joseph Beuys*
« Trouer le paysage et trouver l’espace. »** C’était l’aube, sa demeure n’était qu’une lueur dans la faiblesse du jour, un point blanc sur son papier. Sitôt ces mots écrits, sitôt elle prit le départ. Direction l’Est, l’amitié, les brumes et les montagnes, les vœux et les pierres de cristal. Voyage, voyage comme lorsqu’elle se perd dans son ouvrage : « Dessiner, c’est cathartique. Je disparais et j’y vais. » Où ? Elle improvisa une réponse : « A chaque fois, il y a une idée-fenêtre, un trou dans le mur. »
Elle était déjà loin, à peine sortie de l’École des Beaux-Arts, à peine quitté le centre-ville de Metz et déjà la route perdait la boussole de la réalité. Elle s’allongeait, serpentait, se prolongeait. Plus les kilomètres s’additionnaient plus l’espace intérieur s’étendait. Elle se demanda, comme ça : « Pourquoi les gens restent-ils dans leur maison si elle est hantée ? » Dans le ciel du matin finissant, un fantôme lui répondit, immaculé et flottant comme un nuage. Mais une réponse de fantôme, fallait-il s’y fier ?
Un fantôme, deux fantômes, les nuages l’accompagnaient… Ces fantômes, amis des fantasmes, pouvait-elle leur confier ses interrogations d’enfant, d’artiste, de femme, d’avenir ? Dans ces horizons, immanquablement, elle recroisait tout un peuple de souvenirs, où personne ne respectait son propre ordre d’apparition. « Le jeu de la mémoire me fascine », pensa-t-elle et aussitôt apparut dans son esprit une photographie. Elle la dessinerait à l’encre de tatouage et au pastel volatil, comme d’habitude. En noir et en contrastes, comme toujours. « Je voudrais trouver la profondeur de la surface, chercher la lumière dans le noir. » Elle s’adressait à elle-même des déclarations dans la solitude de la vitesse motorisée se souvenant d’une passion : « Marcher en forêt la nuit, laisser les iris s’adapter à l’obscurité. » Une question d’intensité ? Comme celle des minuscules points blancs surgissant très lumineux des noirs très pigmentés des dessins.
Elle savait d’avance que son dessin serait diffus, qu’il chercherait cet « espace entre-deux, entre l’imaginaire et le réel ». Pourquoi ? La réponse surgit de l’asphalte : « J’ai du mal à montrer précisément les visages, je ne cherche pas à identifier des personnes ou des lieux car cela met une distance. Alors que les effacements sont des surfaces de projection imaginaire. »
Au fur et à mesure de l’éloignement, la légèreté s’affirmait. Elle se mit à fredonner « Voyage, voyage ». Elle pensait à l’image de cette jeune femme, dansant sur une montagne. Elle avait aimé la dessiner. Comme toujours le dessin avait recadré la photo. « Je recadre toujours l’image d’origine, constata-t-elle. Elle impose les dimensions du cadrage. J’ai toujours un cadre dans le cadre. » Une manière de poétiser le réel comme elle aime le faire pour ces anciennes photos minuscules aux bords de dentelles, qui furent portées si longtemps près du cœur, dans une poche, un portefeuille mais près du corps.
Le jour se dissolvait dans les heures et les kilomètres. Il faudrait bientôt faire une halte. Près d’une montagne, elle vit une femme tenant dans ses mains une pierre de quartz blanche, comme le cœur battant d’un fantôme. Elle fut émue aux larmes et se sentit submergée par une émotion. Comme une immense vague d’oxyde de fer mat aux reflets vert et rouge.
Annabelle Gugnon
*Joseph Beuys, « Par la présente, je n’appartiens plus à l’art », éd. L’Arche, 2013.
** Toutes les citations sont des propos de Célia Muller recueillis par l’auteure du texte le 21 février 2022 à Metz.
Annabelle Gugnon est psychanalyste et critique d’art. Elle a été journaliste pour Beaux-Arts et collabore régulièrement à Art Press.
Avec le soutien aux galeries / exposition du Centre national des arts plastiques
« Avec l’utilisation de papiers trempés dans du thé au citron ou des infusions d’hibiscus, différentes sortes de sels et de sables, comme ailleurs la sueur et les larmes, c’est principalement un univers liquide qu’elle évoque. Flux, coulures, courants et dispersions: une mécanique des fluides qui concerne aussi bien la géophysique que le corps humain. Les draps boursouflés renvoient à des limons de fonds de rivière, les coutures forment des veines ou des scarifications, les poches de sable s’apparentent à des reins. »
« C’est cette profonde humilité qui caractérise son travail. Une humilité d’ailleurs prise dans son sens étymologique, dérivée de l’humus, la terre. une expérience de corps à corps, entre le sien et celui de l’oeuvre, qui passe par un processus d’immersion. »
Guillaume Désanges, journal de la Verrière n°30, Caresser toutes les courbes de l’existence, Exposition Myriam Mihindou EPIDERME, Fondation d’entreprise Hermès, Bruxelles, 2022, p.6-7