GRETEL WEYER DERRIÈRE LE RIDEAU 04.05. - 01.06.2024
Vue d’exposition Gretel Weyer. Derrière le rideau, 2024, Galerie Maïa Muller
Équinoxe (Installation), 2023, Bois, blé et porcelaine, 77 x 100 x 85 cm, 13500 Euros
Miroir aux alouettes, 2023, Porcelaine, porcelaine émaillée, bois, miroir, 72 x 39 x 39 cm, 3000 Euros
Peau, 2023, Céramique émaillée, 69 x 27 x 4 cm, 3000 Euros
Plateau lièvre, 2023, Céramique, 35 x 6,5 x 30 cm, 2800 Euros
Urne aux escargots, 2023, Porcelaine, 30 x 17 x 18 cm, 2400 Euros
Vase, 2023, Porcelaine émaillée, 21 x 32 x 26 cm, 2700 Euros – VENDU
Soupière à tête de lion, 2023, Porcelaine émaillée, 30 x 18 x 14 cm, 2800 Euros
Chaise poilue, 2023, Céramique émaillée, bois et coton, 50 x 37 x 37 cm, 2600 Euros
Chaise aux lièvres, 2023, Céramique, 87 x 35 x 42 cm, 3000 Euros
Peau poilue, 2023, Céramique émaillée, 50 x 19 x 5 cm – VENDU
Vue d’exposition Gretel Weyer. Derrière le rideau, 2024, Galerie Maïa Muller
Théière au lièvre, 2023, Porcelaine émaillée, 65 x 43 x 43 cm, 3000 Euros
Chaise aux yeux, 2024, Céramique, bois et technique mixte, 90 x 41 x 43 cm, 3000 Euros
Oies, 2020, Gravure sur bois, crayons de couleurs et encre de chine, 30 x 22,5 x 0,5 cm – VENDU
Lièvre théière, 2023, Gravure sur bois, peinture à l’huile et porcelaine, 22,5 x 30 x 0,5 cm, 1200 Euros
Petit vase aux oiseaux, 2023, Céramique émaillée, 21 x 14 x 14 cm, 1600 Euros
Assiette coupe fond plat, 2023, Porcelaine émaillée, 6 x 24,5 x 24,5  cm, 1200 Euros
Vue d’exposition Gretel Weyer. Derrière le rideau, Galerie Maïa Muller, 2024
Dans le cadre de sa résidence au Cube à Valaurie, Gretel Weyer crée, à partir de modèles traditionnels et de la porcelaine, un dialogue poétique entre l’ancien et le nouveau, le standard et l’unique, la figuration et le merveilleux. À partir de moulages sélectionnés dans la collection de la Maison Revol installée à Saint-Uze, elle donne vie à des objets manufacturés en détournant leur usage et leur motif, en les transformant en œuvres extraordinaires, entrelaçant des mondes minéral, végétal ou animal. […]
Quel est le contenu de votre projet de résidence ?
Mon intention était de partir de formes issues d’une tradition potière de la Drôme, de reproduire des gabarits existants et d’y ajouter mon propre langage artistique. […]
La résidence au Cube est l’occasion de réactiver ce projet fondé sur la question du modèle et l’utilisation de moules anciens, mais d’en détourner leur usage et d’altérer leur forme. […]
Comment s’est fait le choix des moules et s’est opéré le passage de l’objet fonctionnel à une création artistique ?
J’ai réalisé tout d’abord un inventaire des formes, les ai classées, puis j’ai sélectionné une quinzaine de moules pour l’intérêt soit de leur fonction, soit de leur motif. J’ai choisi des formes sur lesquelles je peux intervenir librement, détourner l’usage des objets, les rendre uniques alors qu’elles appartiennent à des séries, transformer une production traditionnelle en une œuvre artistique contemporaine. Comme Georges Perec, je me nourris du réel et d’expériences quotidiennes, j’observe « l’infra-ordinaire », l’habituel que je transforme en formes extraordinaires et intemporelles par un jeux d’associations, de mises en scènes, de références picturales, littéraires, symboliques …
Ainsi les escargots que j’introduis dans l’urne funéraire (ill. 1) proviennent du répertoire de la collection Revol, font allusion à la présence de nombreux escargots autour de l’atelier de Valaurie ainsi qu’aux symboles de la résurrection, de la spirale …
L’idée d’apparition d’une forme surgissant d’une masse m’intéresse aussi comme la tête de lièvre qui émerge du couvercle de terrine, la tête de lion – motif même de la soupière – qui s’extrait du fond de celle-ci. […]
Pour moi, ces figures rappellent l’iconographie de la tête posée sur un plateau ou du linceul enveloppant un corps représentée par Le Caravage dans les peintures Salomé avec la tête de saint Jean-Baptiste, David tenant la tête de Goliath ou encore la Mise au tombeau.
Parmi les autres moules utilisés, je travaille sur ce pot funéraire dont le motif d’écailles – qui fait déjà partie de mon vocabulaire – se déploie et devient une nappe ou un vêtement. (ill. 2)
Vos créations ont souvent des sources littéraires, mythologiques, religieuses… et se construisent par associations d’images. Comment utilisez-vous ces images et influent-elles sur les titres de vos pièces ?
Je sollicite ces différentes sources et je me nourris également de références cinématographiques, comme le documentaire expérimental Ne croyez surtout pas que je hurle de Frank Beauvais qui a pendant six mois d’isolement a visionné plus de quatre cents films de tous pays et années ; il les a sélectionnés et accumulés en les associant à un texte personnel qu’il lit, telle une digression poétique. […]
Cette idée de narration se retrouve dans la création d’une pièce qui peut renvoyer à plusieurs références, comme la Théière au lapin (ill. 3) qui fait penser à Alice aux pays des merveilles ; moi, j’ai plutôt pensé au dessin Le Lièvre d’Albrecht Durer et la tasse poilue est une référence à Meret Oppenheim et à sa sculpture Le Déjeuner en fourrure. […]
Comment concevez-vous l’exposition qui aura lieu en septembre à la Maison de la Tour à Valaurie à la suite à votre résidence ?
Mon idée est de rejouer un intérieur tout en décalant mon approche dans un esprit surréaliste, d’intervenir dans un lieu ordinaire et d’y introduire de l’extraordinaire. J’utilise du mobilier récupéré acheté sur place sur lequel j’interviens et qui compose un ensemble avec les formes que je crée. Par exemple, je suis partie d’une sellette en bois et en marbre sur trois pieds ; j’ai enlevé la plaque de marbre et remplacé la pièce de bois qui tient les pieds par un miroir convexe. En référence au miroir aux alouettes, des oiseaux vont venir l’encercler. (ill. 4) Un objet séduisant mais trompeur inspiré de la collection de miroirs aux alouettes de Jeanne de Flandreysy exposée au second étage du palais du Roure à Avignon. Cependant d’autres pièces présentées sur des meubles pourront exister de manière autonome.
Extrait de l’entretien de QUI+EST à Gretel Weyer du 26 juillet 2023.