CAMILLE FISCHER OH ! VIOLETTE ou la Politesse des Végétaux 27.01. - 24.02.2024
La Politesse des Végétaux, 2024, Technique mixte sur soie et polyester, 130 x 80 cm
Vue d’exposition Camille Fischer. Oh Violette ! ou la Politesse des Végétaux
Stained Eyes, Série de 10 œuvres, 2021, Technique mixte sur papier journal, 29,7 x 21 cm chaque
The Passenger, 2023, Technique mixte et collage sur papier recyclé, 92 x 25 cm
Vue d’exposition Camille Fischer. Oh Violette ! ou la Politesse des Végétaux
Lise, Le téléphone est mort, 2024, Technique mixte, collage et broderie de perles et sequins sur toile, 92 x 65 cm
Nihilstics, 2023, Technique mixte sur papier, 29,7 x 21 cm
Door II, 2018, Technique mixte sur papier, 89,5 x 65 cm
Vue d’exposition Camille Fischer. Oh Violette ! ou la Politesse des Végétaux
Camille Fischer, Where have all the flowers gone?, 2021, Encre, encre de chine, acrylique, gouache, paillettes, fusain, pastel, appliqués de velours de soie et broderie sur organza irisé, franges de cheveux synthétiques, 279 x 84 cm
Where have all the flowers gone?, 2021, Technique mixte sur organza irisé, franges de cheveux synthétiques, 279 x 84 cm
Poudres Lourdes II, 2024, Technique mixte, nacres et paillettes sur papier journal, 29,7 x 21 cm
Poudres Lourdes, 2024, Technique mixte, nacres et paillettes sur papier journal, 29,7 x 21 cm
Poudres lourdes IV, 2023, Technique mixte sur papier journal, 41 x 29,7 cm
Poudres Lourdes III, 2024, Technique mixte, nacres et paillettes sur papier journal, 41 x 29,5 cm
Poudres lourdes V, 2023, Technique mixte sur papier journal, 41 x 29,7 cm
Sans titre, 2023, Technique mixte sur papier, 75 x 49,5 cm
Sans titre, 2023, Technique mixte sur papier, 72 x 49,5 cm
Sans titre, 2023, Technique mixte sur papier journal, 72 x 50 cm
Sans titre, 2023, Technique mixte sur papier, 72 x 50 cm
Sans titre, 2023, Technique mixte sur papier, 72 x 50 cm
Vue d’exposition Camille Fischer. Oh Violette ! ou la Politesse des Végétaux
Bye bye Dear, 2021, Technique mixte sur papier marouflé sur toile, guirlandes en terre, pâte à sel et canettes d’aluminium, 200 x 150 cm
Sans titre, 2023, Technique mixte sur papier, 72 x 41,5 cm
Swirling, 2018, Technique mixte sur papier, 36 x 25 cm
Sans titre, 2023, Technique mixte sur papier, 25 x 18 cm
Dead Moon, 2023, Technique mixte sur papier, 42 x 29,5 cm
Sans titre, 2023, Technique mixte sur papier, 59 x 41 cm
Sans titre, 2023, Technique mixte sur papier, 36 x 25,5 cm
Au comble des fleurs
De prime abord, une porte suspendue et dressée selon les vestiges de rites lacustres et semblable aux portiques votifs d’alors, faite d’un treillage d’ors que dispense de part et d’autre de son arche des grappes de souffre, de mauve, de pourpre trempés de grisailles. (…) Jardin noir.
Oh ! Violette – Ou la politesse des végétaux présente un ensemble de dessins accordés, une pluralité de formats peints et ornés de Camille Fischer. Le commissariat rejoue par ellipses l’esprit de la chambre, égrainant par litanie et pâmoison, tel qu’un grand bouquet d’ombres et de fleurs, les vertiges de visions où l’intimité de l’éros rencontre un caprice caméral. En défeuillant les motifs peints sur le sujet, dans un calme hommage à ses modèles, Camille Fischer consume les apparences fugitives, les frêles fractions, les diagrammes secrets d’un mille-fleurs grinçant, les affres d’un oxymore mondain.
Rêveries rappelant les cohabitations d’étrangetés qu’ont fabriquées Lise Deharme et Claude Cahun dans le recueil poétique illustré Le cœur de Pic, cette exposition se déploie comme une mise en suspens, autant accrochage d’antiquaire que chimérisation par motifs réassemblés à la surface du mur, grand papier peint holistique et dantesque. Telle une ornemaniste ensemblière qui compose par coordonnés et variations, Camille Fischer propose une folie florale par montage de dessins juxtaposés où une galerie de jeunes femmes rencontre d’autres portraits, fleurs d’artifices théâtrales autant qu’éphémères.
L’artiste orchestre ici l’enregistrement du huit clos, où chaque agencement flirte avec la domestique compulsivité de posséder un lieu à soi. Et relève autant une contre réforme décorative du punk poster épinglé adolescent qu’un geste anathème imposé aux savoir-faire pour mieux trouver l’interstice de la demi-teinte, de la transparence textile, de la broderie fébrile.
Le long du fameux treillissé, des rocailles, des dais, des parterres. De ravissement en ravissement, un atlas de formes flore (…) s’imprime sur l’apparence profuse du fond perlé qui livre ses séquences. L’œil navigue de plans nets en passades floutées, partout un poème de fleurs ; un cruising débordant même, le goût de la latence inclus, agite de pulsions l’œil qui dénombre la variété.
Perdu dans l’immense glossaire botanique, imprégné de rêveries d’échelles et d’encastrements, et dans d’hypothétiques rochers palermitains, bordés de palmiers, ce pavillon creux, habité ou mieux renversé comme un gant sur lui-même, absorbe le jardin dans son entier sous les replis de la main de l’artiste, improvisée en chambre. Têtes brodées, typographies peintes, densités de traits et de points glitter figurent le grotesque extraordinaire d’une matérialité de fleur de souffre.
Et dans le placard, la grimace, la simagrée du démon, l’œil torve et la dent dégagée au dessus de la babine. Au comble.
Mathieu Buard, janvier 2024.