Le collage implique des gestes liés à la sculpture. À partir d’une matière préexistante – des archives de tous types,
des images imprimées, du texte, des objets et matériaux bruts – les artistes décontextualisent, manipulent, prélèvent
et découpent des fragments de cette matière. Ces derniers sont assemblés entre eux de manières plurielles. Collés,
agrafés ou cousus les matériaux sont réunis par un geste de greffe qui va engendrer des images ou des objets
monstrueux. Le collage est un corps monstre, un corps politique. « L’ordre broie les machines désirantes qui
meuvent la corporalité. Le pouvoir gère de manière induite mais permanente l’intime et la gestion de la personne. »
L’oeuvre résultant d’un collage implique ainsi une étrangeté, une anomalie, une malformation, une différence
provoquée par un refus de conformation, une volonté de rendre visible, de montrer, ce qui dérange, déforme,
défigure et transforme. Par lui, les artistes modernes et actuel.les dissèquent et déstructurent les matériaux
préexistants pour générer de nouvelles images, de nouveaux corps, de nouveaux récits, de nouveaux écosystèmes.
Julie Crenn

Kiki SMITH, Birds with stars, 2011, Encre sur papier Népal et épreuve chromogène, 55 x 45 cm

Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele

Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele

Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele

Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele

Hassan MUSA, Un black mordu par un tigre, 2010, Textiles assemblés, 217 x 350 cm
Mon titre « … mordu par un tigre » couvre une série d’images inspirées par une peinture de Delacroix intitulée « Indienne mordue par un tigre » (1856). Dans ce tableau, le couple formé par l’Indienne et le tigre renvoie à l’imagerie orientaliste où le sang des crimes colonialistes est soigneusement effacé.
Barack Obama est entré parmi les « blacks mordus par un tigre » car il a commencé sa carrière politique en détournant le rêve de Martin Luther King.
Martin Luther King, qui souhaitait une société indifférente à la couleur de la peau de ses citoyens, serait frustré d’entendre et de voir Obama se poser comme un Président noir. L’élection d’Obama en 2008 nous a tous rendus « Américains ! ».
Nous, Africains, avons voté pour Obama et nous avons célébré son Prix Nobel de la paix en 2009 car nous étions persuadés qu’il allait réparer le monde. Hélas, notre héros a attrapé « le syndrome du tigre » des chats ! Un chat atteint du « syndrome du tigre » se met en embuscade et saute sur son maître !
Obama a sans doute été l’homme le plus puissant dans une généaologie Afro-Américaine où figurent de remarquables personnalités allant de W.E.B. Dubois, M.L. King, Rosa Park, Malcolm X à Angela Davis.
Or, au lieu de tenter de « réparer » le monde, il a repris « la guerre sans fin » de G. W. Bush contre les pauvres. Le proverbe chinois dit :
« Quand on chevauche un tigre on ne peut pas mettre pied à terre ! » Ainsi entre son optimiste « Yes we Can ! » (2008), et le tragique « I can’t breathe » de George Floyd (2022), Obama laisse une société Américaine marquée par les plus grandes crises morales de la période post Guerre Froide.
Hassan Musa, Mai 2023

Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele