LETTRES D'UN CARTON À L'ÂGE D'AIRAIN
04.11.21 - 18.12.21

JEAN-MICHEL FAUQUET
#1
Sans titre, 2010
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé à la peinture et à la cire
39 x 49,5 cm
Prix : 10 000 Euros
#2 Sans Titre, 2008
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé à la peinture et à la cire
39 x 49,5 cm
Prix : 10 000 Euros
 
#3 Sans Titre, 2002
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé à la peinture et à la cire
48,5 x 48,5 cm
Prix : 11 000 Euros
#4 Sans titre, 2012
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé
39 x 29,5 cm
Prix : 6 000 Euros
#5 Sans Titre, 2010
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé
39 x 49,5 cm
Prix : 10 000 Euros
#6 Sans Titre, 2008
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé
30,5 x 29 cm
Prix : 5 000 Euros
 
#7  Sans Titre, C. 1998
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé à la peinture et à la cire
32,5 x 29,5 cm
Prix : 5 000 Euros
 
#8 Sans Titre, C.2010
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé
15,5 x 22 cm
Prix : 3 000 Euros
 
#9 Sans Titre, C.2010
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé
15,5 x 22 cm
Réservé
 
#10 Sans Titre, 2010
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé
73 x 58,5 cm
Prix : 15 000 Euros
 
#11 Sans Titre, 2010
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé
78 x 53,5 cm
Prix : 15 000 Euros
 
#12 Sans Titre, C.2002
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé
39 x 49,5 cm
Prix : 10 000 Euros
 
#13 Sans Titre, C.2010
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé
22,5 x 29,5 cm
Prix : 4 500 Euros
#14 Sans Titre, C.2002
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé à la peinture et à la cire
48,5 x 48,5 cm
Prix : 11 000 Euros
 
#15 Sans Titre, C.2002
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé
39 x 49,5 cm
Prix : 10 000 Euros
 
Vue d’exposition – Galerie Maïa Muller , Copyright Rebecca Fanuele
Chaque reposoir au prix de 3 500 Euros
#16 Sans Titre, 2010
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé
39 x 29,5 cm
Réservé
 
Vue d’exposition – Galerie Maïa Muller , Copyright Rebecca Fanuele
#17 Sans Titre, 2008
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé
58,5 x 49 cm
 
 
#18 Sans Titre, 2008
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé
58,5 x 49 cm
Prix du triptyque: 36 000 Euros
 
#19 Sans Titre, 2008
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé
58,5 x 49 cm
 
#20 Sans Titre, 2003
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé
28,5 x 22,5 cm
Prix: 4 500 Euros
Vue d’exposition – Galerie Maïa Muller , Copyright Rebecca Fanuele
#21 Sans Titre, C.1998
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé
17 x 46,5 cm
Vendu
 
#22 Sans Titre, C.1998
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé
17 x 46,5 cm
Vendu
#23 Sans Titre, 1998-2002
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé
17 x 46,5 cm chaque
Prix: 6 000 Euros pièce
#24 Sans Titre, C.1998
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé
17 x 46,5 cm
Prix: 6 000 Euros
#25 Sans Titre, 2012
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé
59 x 50 cm
Prix: 12 000 Euros
 
#26 Sans Titre
Carton, huile, cire
26 x 92 x 14,5 cm
Prix: 6 000 Euros
#27 Sans Titre
Carton, huile, cire
39 x 16 x 19 cm  ( chaque )
Prix: 7 000 Euros
#28 Sans Titre, C.2002
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé
39 x 49,5 cm
Prix: 10 000 Euros
 
#29 Sans Titre, C.1998
Tirage argentique sur papier baryté rehaussé à la peinture et à la cire
48,5 x 48,5 cm
Prix: 11 000 Euros
 
#30 Sans Titre
Carton, huile, cire
33 x 66 x 23 cm
Prix: 6 500 Euros

Jean-Michel Fauquet

Gravir l’invisible

« La morale éparse du monde c’est l’effort qu’il fait peut-être
pour redevenir soleil. […] Partout un rayon frappe à une porte obscure. »*
Cézanne
Ils arrivent d’ailleurs, ils viennent de loin, ils apparaissent dans le secret de la pratique quotidienne, par esquisses, par ébauches, par intrusion, comme des rêves produits à l’insu de soi-même… Les dessins de Jean-Michel Fauquet deviennent ensuite des sculptures de carton puis apparaissent dans ses photos sous forme d’objets comme les jalons poétiques d’une nuit créatrice, d’une « autre scène » (eine « Andere Schauplatz ») tel que Freud a défini l’inconscient dans son livre « La Science des rêves ». Une scène active, productive, libre mais dont l’accès est inconnu, inattendu, onirique, insaisissable. Aussi Jean-Michel Fauquet est-il en éveil, jamais en embuscade. Il se laisse surprendre. Les formes sont énigmatiques, alors il les apprivoise en les sculptant puis en les mettant en scène dans une théâtralité fragile et évanescente.    Une photographie en ouvre le destin. Mais pour « tuer l’image », comme il l’énonce, et « la rendre aux mystères de l’invisible », il travaille le tirage, le surmodèle à la cire, à l’huile, aux rehauts de peinture. Un monde autre se fait jour. Ce monde contient certaines accointances surréaliste et dadaïste mais il est singulièrement tout en gravité. « Les choses sont graves, alors il faut gravir », dit-il. Prendre de la hauteur   peut-être mais surtout donner du poids à une forme. Et ce poids est hybride : il se présente en deux dimensions sur la photographie mais est,   par essence, un espace en trois dimensions. Chez lui, la photographie détient la sculpture et semble aspirer à la libérer vers des formes propices au tactile, à l’expérience des corps, aux intensités matérialisées.
En ce ce sens, le travail de Jean-Michel Fauquet est ami de celui de l’Américain Richard Serra et de ses sculptures monumentales qui sont des volumétries de sentiment, des pesanteurs en équilibre. Jean-Michel Fauquet, quant à lui, sculpte les objets du hors-temps, leur densité imaginaire agit comme des centres d’énergie réelle. « Je fais des signes pour le théâtre de votre vie », dit-il en précisant que l’on trouve dans ses photos ce qu’on y apporte, même sans le savoir. Elles détiennent en effet un pouvoir de révélateur, d’apparition.
Plusieurs expériences ont donné au monde de Jean-Michel Fauquet ses jonctions avec l’invisible. Il y eut dans l’enfance béarnaise, les réfugiés espagnols fuyant à pied la dictature de Franco arrivant soudain du ciel, sur la crête montagneuse des Pyrénées. Surtout, il y eut ce collège-pension près de Bordeaux où la discipline tenait lieu d’idéal pédagogique. Il fallait braver risques et périls pour sortir, la nuit, du dortoir, se rendre au grenier avec quelques camarades adolescents et, là, voir apparaître l’inespéré : la liberté. Elle se matérialisait par la grâce d’un objet rudimentaire du début de la photographie, le dénommé « châssis-presse ». C’est un petit instrument dans lequel coincer un morceau de papier photo-sensibilisé au nitrate d’argent, l’éclairer et attendre l’apparition d’une forme inattendue. Venue de la lumière.
La liberté des yeux vécue dans cet environnement de contraintes a inscrit l’imagination du côté de la vraie vie et l’inconnu du côté du désirable. Ainsi se dessine le chemin vers l’art. Les destinations de Jean-Michel Fauquet sont vastes. Cependant, sa pratique requiert le coutumier car il utilise les appareillages encombrants des débuts de l’histoire de la photographie, la chambre, le soufflet… Mais le coutumier n’empêche certainement pas le cosmique. Jean-Michel Fauquet en arpente les géométries et en restitue certaines mesures vives et éthiques.
Car ses photographies sont une manière de lutte contre l’enlisement. Il offre à la lourdeur des possibilités d’inspiration, donc d’envol vers la créativité. « Le travail humain, c’est se reconstruire éternellement », avance-t-il. Ses œuvres en disent les affres et les élans.
Annabelle Gugnon
Annabelle Gugnon est psychanalyste et critique d’art. Elle a été journaliste pour Beaux-Arts et collabore régulièrement à Art Press.
*Joachim Gasquet, « Cézanne », éd. Encre Marine, 2002.
« Avec l’utilisation de papiers trempés dans du thé au citron ou des infusions d’hibiscus, différentes sortes de sels et de sables, comme ailleurs la sueur et les larmes, c’est principalement un univers liquide qu’elle évoque. Flux, coulures, courants et dispersions: une mécanique des fluides qui concerne aussi bien la géophysique que le corps humain. Les draps boursouflés renvoient à des limons de fonds de rivière, les coutures forment des veines ou des scarifications, les poches de sable s’apparentent à des reins. »
« C’est cette profonde humilité qui caractérise son travail. Une humilité d’ailleurs prise dans son sens étymologique, dérivée de l’humus, la terre. une expérience de corps à corps, entre le sien et celui de l’oeuvre, qui passe par un processus d’immersion. »
Guillaume Désanges, journal de la Verrière n°30, Caresser toutes les courbes de l’existence, Exposition Myriam Mihindou EPIDERME, Fondation d’entreprise Hermès, Bruxelles, 2022, p.6-7