Viewing room – JEAN-MICHEL ALBEROLA « PRÉSENTATION DE DEUX BOULES À NEIGE ACCOMPAGNÉES DE TROIS COMMENTAIRES «

27.10 / 26.11
On reconnaît dans les peintures de Fritz Bornstück quelques parentés avec les épouvantails plantés dans les champs ou avec les nains en plastique, les biches en plâtre, les statues antiques en béton, les lions et les lapins … qu’on regarde amusés dans les jardins coquets aperçus au hasard d’une promenade. Ces mondes que nous imaginons parallèles au nôtre, uniquement parce que nous n’y prenons garde, obéissent à des logiques qui ne sont pas plus invraisemblables que celles des guerres que nous menons ou des désordres que nous organisons qui laissent derrière eux des ruines et des déchets amoncelés.
Voyez la vie qui se développe dans le fouillis des buissons et des parterres, dans l’entrelac des branches, des racines, des feuilles, des fleurs épanouies ou séchées, des canettes vides, des oiseaux multicolores, des bouteilles et des mégots. Là, un bousier roule une pelote de merde en forme de crâne à moins qu’il ne promène un minuscule crâne humain à la taille de l’insecte ; ailleurs, une jeune fille en ferraille, aux jambes faites de pieds de table, portant une robe rouge, agite un drapeau et tient par l’épaule un jeune homme identique à elle, vêtu d’un arrosoir mauve ; ils sont seuls, joyeux et amoureux dans la forêt où s’entassent de vieilles bassines.
Fritz Bornstück peint des assemblages apparemment incongrus faits de carcasses métalliques et de vieilles machines usées et vides, abandonnées dans des bois et dans des prés. Mais, on le sait, la nature elle-même use d’artifices curieux ; on connait les stratagèmes étranges par lesquels passent les actes de la naissance des fleurs qui attirent les insectes qui vont les féconder, on n’ignore pas les règles compliquées qui font de la chenille un papillon ou celles qui incitent les serpents à muer en abandonnant derrière eux, dans les bois et dans les prés, une peau usée et vide.
Il y a dans ces peintures mélancoliques à la fois de la douceur et de la violence ; une violence sous-jacente et une douceur résignée qui affleurent dans un temps incertain, non défini, comme dans toutes les histoires qui se répètent de loin en loin, nourries de récits oubliés, de contes répétés, de frayeurs et de soulagements refoulés, de cachettes et d’ogres rencontrant des souris qui se changent en carrosse, de petits cailloux blancs et des morceaux de pain mangés par des perroquets multicolores.
Car, comme dans tous les contes, toutes les légendes, le merveilleux existe au même titre que ce qui forme le monde ; le merveilleux apparait naturellement. C’est une chose simple et s’il n’y a nul étonnement à savoir Daphné être transformée en laurier quand Apollon la touche, il n’y en a pas davantage à voir une cafetière ou une bouilloire jetées dans les sous-bois être naturellement la tête d’un personnage qui marche ou à constater qu’un vieux poste de radio à transistor lance à l’aide d’un porte-voix quelques muettes imprécations sous la forme d’un drapeau ou encore à découvrir qu’un bouquet de fleurs traverse une dalle de béton.
Les mécaniques ont leurs lois et, pour qui en est ignorant, elles sont mystérieuses voire incompréhensibles – ou divines, comme on a pris l’habitude de le dire quand on croit assister à un miracle.
Dans un jardin plein de fleurs et d’oiseaux, de vieilles caisses en carton et de bidons rouillés, d’herbes vertes et de coquelicots rouges, de mégots fumant et d’escargots qui grimpent sur des bouteilles vides peuplent l’univers profane aussi bien que religieux, c’est-à-dire le merveilleux qui est nécessaire à l’entendement du monde.
Laurent Busine
Laurent Busine est historien d’art et commissaire d’exposition. Ancien directeur du MAC’S au Grand-Hornu de 2002 à 2016. Ancien directeur des expositions au Palais des Beaux-Arts de Charleroi de 1983 à 2002. Auteur de nombreuses publications, dont la première monographie consacrée à Giuseppe Penone.
Le post-colonialisme fait débat. De Frantz Fanon à Marc Ferro, la réflexion s’est ouverte sur ces rapports de domination qui continuent d’être perpétués. Au rayon des croyances pourtant, le rite initiatique, les rites de passage continuent d’être perçus majoritairement comme des phénomènes soit folkloriques soit issus des sociétés primitives. Le théâtre d’Aimé Césaire n’a pas réussi à mettre au même rang l’apôtre et le chamane.
Ici l’humour, arme récurrente d’Hassan Musa tisse les sacrements fondateurs de l’eucharistie (Manger Tue, reprenant Le souper à Emmaus du Caravage, avec un autoportrait de l’artiste en aubergiste). Face au dernier repas du Christ, Leda et le cygne sont la présence simultanée du mythe de Zeus incarné, et l’hommage à l’artiste devenant Dieu, Rubens.
Myriam Mihindou, dont la récente exposition au Musée du Quai Branly démontre la puissance de ce qu’elle échaffaude (Trophée, 2020) en terme de transmissions, de passage, dans la scultpture qui est presque toujours son geste de départ, nous offre avec l’installation Les algues géantes I et II, au cuivre conducteur, et ses cannes de pouvoirs la place centrale de l’exposition proposée à la Galerie Maïa Muller, « Jesus Christ Superstar ».
Entrant cet espace, la baigneuse Valpinçon est peinte à même un tapis de prière. Nous venant des Philippines, la noix d’arec et le bétel d’un dessin de Gaston Damag joue une pharmacopée magique auprès d’une sculpture de couteaux Ifugao qu’utilisise d’ordinaire le chamane.
Ceci est un carton d’invitation : entrez dans la transe.
02.07.22 - 27.07.22
OHO*
I PETIT MAIS PUISSANT I
02.06.22 - 18.06.22
* KLEIN ABER OHO
Le petit format détrône parfois le monumental, ce sont les Micro-Salons d’Iris Clert dès 1957 dans sa galerie rue des Beaux- Arts, le nécessaire à voyager de Max Ernst au départ de Sedona où il s’établit avec sa compagne Dorothea Tanning, les diverses expositions dirigées par Ernst Beyeler à Bâle.
C’est le vœu du collectionneur nomade, pour qui le poster se décroche de la chambre d’hôtel et, se revêt d’un petit tableau transportable.
La miniature devient trousseau, portrait chéri dont on ne se défait nulle part. Le format zéro figure, un figure, « tableau portable », montre toute sa force sous la barre des 24 x 18 cm. Piccolo ma molto potente, size doesn’t matter : 40 cm pour les plus larges.
Klein aber Oho ?
Petit mais puissant.
CANTIQUE DES CORBEAUX
23.04.22 - 28.05.22
DE NUAGES EN MARÉCAGES
17.03.22 - 16.04.22
ALLÉGORIE À LA BANANE 02.03.22 - 12.03.22
LE PASSEUR TRANQUILLE 22.01.22 - 26.02.22
ALLÉGORIE À LA BANANE 02.03.22 - 12.03.22
Hassan Musa
Les éclaireurs
LETTRES D'UN CARTON À L'ÂGE D'AIRAIN
04.11.21 - 18.12.21