Viewing room – Jean-Michel Alberola. Présentation de deux tableaux accompagnés de boules à neige
JEAN-MICHEL ALBEROLA
PRÉSENTATION DE DEUX TABLEAUX ACCOMPAGNÉS DE BOULES À NEIGE
DU 05 AU 20 DÉCEMBRE 2023
PRÉSENTATION DE DEUX TABLEAUX ACCOMPAGNÉS DE BOULES À NEIGE
DU 05 AU 20 DÉCEMBRE 2023


18.11. - 02.12.2023









Lors du déclenchement de la seconde partie de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe de Poutine, je peignais des tableaux se référant à la peinture de la renaissance allemande et ses grands thèmes traités par Dürer, Hans Baldung Grien et d’autres grands peintres : la jeune fille et la mort, le cavalier, la mort et le diable…
La barbarie russe en Ukraine occupée m’a tant touchée que j’ai transformé lesdits tableaux en procédant par collage et changement ou glissement de sens : des ectoplasmes en forme de Russie, des portraits-charge de Vladimir Poutine, et des titres permettant un glissement de sens.
Le caillou Zelensky, relecture du caillou Michaud, présent dans les collections de la Bibliothèque nationale de France, accueillera le visiteur. Comme chez son illustre aïeul, il sera question de territoire. Mais au lieu d’être couronné de divinités mésopotamiennes, les tableaux présentés dans l’exposition, y seront rejoués.
Après Nikolay Karabinovych, Daniil Revkovskiy & Andriy Rachinskiy, Polina Shcherbyna, jeune artiste de Kyiv, présentera une œuvre dans la vitrine.
Damien Deroubaix
14.10. - 11.11.2023










02.09. - 10.10.2023

Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele

Célia Muller, Invocations 1 et 2 (Dyptique), 2023, Pastels secs sur papier, 20,8 x 29,7 cm chaque

Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele

Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele

Célia Muller, Elles ont volé toute l’eau, 2023, Pastels secs sur papier de soie, 16,8 x 21,2 cm chaque

Célia Muller, Un trou dans le mur #1, 2023, Monotype et dessin à l’encre taille douce, 31,9 x 24 cm
02.09. - 10.10.2023

Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele

Célia Muller, Invocations 1 et 2 (Diptyque), 2023, Pastels secs sur papier, 20,8 x 29,7 cm chaque, 2 800 Euros

Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele

Célia Muller, Je voudrais être #3, 2023, Pigments d’oxyde de fer noir, 150 x 250 cm, 11 000 Euros

Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele

Célia Muller, Elles ont volé toute l’eau, 2023, Pastels secs sur papier de soie, 16,8 x 21,2 cm chaque

Célia Muller, Elles ont volé toute l’eau, 2023, Pastels secs sur papier de soie, 16,8 x 21,2 cm chaque
Vendu

Célia Muller, Elles ont volé toute l’eau, 2023, Pastels secs sur papier de soie, 16,8 x 21,2 cm chaque
5 000 Euros

Célia Muller, Elles ont volé toute l’eau, 2023, Pastels secs sur papier de soie, 16,8 x 21,2 cm chaque
5 000 Euros

Célia Muller, Un trou dans le mur #2, 2023, Pastels secs sur papier, 48 x 64 cm, 3 000 Euros

Célia Muller, Je voudrais être #1, 2023, Pastels secs sur papier, 21 x 29,6 cm, 1 400 Euros

Célia Muller, Je voudrais être #2, 2023, Pastels secs sur papier, 21 x 29,6 cm, 1 400 Euros

Célia Muller, Je te détesterai #1, 2018, Pastels secs sur papier de soie, 65 x 100 cm, 4 400 Euros

Célia Muller, Un trou dans le mur #1, 2023, Monotype et dessin à l’encre taille douce, 31,9 x 24 cm, 1 600 Euros

Célia Muller, L’amour et la rage, 2023, Pastels secs sur papier, 24 x 32 cm, 1 600 Euros

Vue d’exposition, Fritz Bornstück. Sleepwalking, Galerie Maïa Muller – 2024

Fritz BORNSTÜCK, Weltempfänger, 2018, Huile et pigments sur toile, collages, 240 x 220 cm
The white trash boys listen to their headphones
Blasting white noise in the convenience store parking lot
I hung around there wasting my time
Hoping you’ll stop by…
Modest Mouse – Sleepwalking (1999)
Les peintures de Fritz Bornstück nous invitent à une marche solitaire dans une ville endormie ou bien confinée. L’artiste travaille la notion de dorveille, un mot français datant du XVIIème siècle pour désigner un état d’assoupissement, de demi sommeil ou demi éveil. Une pratique située entre deux phases de sommeil qui a disparu au fil du temps. La dorveille favorise un état propice à la rêverie, à la méditation, à une introspection existentielle et mémorielle. En ce sens, l’exposition intitulée Sleepwalking (littéralement “somnambulisme”) nous plonge dans un état de demi-conscience, dans un entre deux inconfortable : entre l’éveil et le sommeil, entre chien et loup, entre la ville et la jungle, entre l’extérieur et l’intérieur. Les scènes peintes par Fritz Bornstück peuvent être envisagées comme les expériences visuelles et sensorielles d’un.e somnambule, ou bien d’une personne traversant une dorveille avant de se rendormir. Nous marchons ainsi en compagnie d’un protagoniste invisible au fil des rues de Berlin, des friches, des chantiers et autres tiers-lieux ou non-lieux de la ville.
A partir d’objets précaires, de débris de matériaux et de déchets, Fritz Bornstück fabrique un portrait d’une société où les humain.es sont absent.es. ielles sont parti.es laissant derrière elleux les traces de leurs quotidiens : un mégot, une canette, une chaise Ikea, une radio, un tablier, un réveil matin. Des objets identifiables que l’artiste choisit avec soin. Leur présence génère des échos et stimule nos mémoires. Fritz Bornstück travaille la dimension sensible d’une plateforme mémorielle collective par laquelle les projections personnelles peuvent advenir. Alors, les objets sont les principaux protagonistes des peintures : une bougie d’anniversaire plantée dans le pain d’un burger, la tour d’un ordinateur, un seau en métal, un jukebox en bois, une montre. Si la figure humaine est absente dans sa représentation physique, les combinaisons d’objets (entiers et fragmentés) forment des portraits humains. Les objets et les animaux personnifient l’humanité. Nous rencontrons un rat qui, près d’un feu, grille un chamallow. L’artiste peint aussi des navets dotés de visages aux expressions menaçantes. L’un d’entre eux fume une cigarette. Fritz Bornstück se joue ainsi des couches du réel en alternant science-fiction, onirisme et réalités sociales.
Dans une ambiance de squat nocturne, l’artiste crée des junk spaces où gisent les artefacts de nos existences passées et présentes. Le béton y rencontre la végétation, tandis que les animaux peuplent les tas d’ordures. Il ne s’agit en aucun cas de nature morte dystopique car comme le souligne l’artiste : la vie y est omniprésente. L’artiste précise que “l’absence humaine donne de la place aux choses et aux êtres non humains”. Des araignées à la chouette en passant les mésanges, l’escargot ou le lièvre, la vie animale se déploie au gré des scènes. De même les arbres et les saxifrages coévoluent avec les ruines humaines pour former un paysage commun. Une perspective vivante que l’artiste manifeste aussi par sa manière de peindre : rapidement, en laissant les traces de ses différents passages sur la toile, des passages brutaux qui forment des couches, des aspérités et des textures. “Ma peinture n’est pas plate, elle n’est pas une image sans épaisseur.” S’il peint rapidement, Fritz Bornstück parle d’un temps long de fermentation pendant lequel il revient plusieurs fois sur son travail. La densité des gestes et de la représentation génère des mouvements contraires, une vibration et une forme de toxicité en adéquation avec l’univers post-humain qu’il s’acharne à dépeindre.
Julie Crenn
Vue d’exposition, Fritz Bornstück. Sleepwalking, Galerie Maïa Muller – 2024

Fritz BORNSTÜCK, Freischwinger, 2022, Huile sur toile, 240 x 220 cm


Fritz BORNSTÜCK, Biedermeier Punk (Pretty in Pink), 2024, Huile sur toile, 120 x 100 x 4 cm
04.05.23 - 06.06.23



11.03.23 - 29.04.23


Voici bien des années, des photographies ornaient le foyer des cinémas pendant la période de présentation d’un film ; destinées à attirer le regard du passant et à éveiller le désir d’entrer dans la salle et d’y regarder le film au nom évocateur : Gorky Park, The Great Jewel Robber, Junior Miss ou autre Summer and Smoke, elles étaient régulièrement remplacées par d’autres très semblables aux premières. Le décor, les éclairages, le cadrage de la prise de vue, la position des acteurs, tout évoque dans une image l’atmosphère du film et l’histoire proposée et, si elles ont aujourd’hui le parfum d’un temps désuet, c’est que les acteurs aussi bien que les décors rappellent un cinéma lointain.
Quelques photographies montrent des plans larges, des scènes durant lesquelles on voit de nombreuses personnes réunies ; dans d’autres, seul un couple se trouve à l’avant-plan. Face à face, un homme et une femme proches l’un de l’autre, se regardent, figés dans l’instant qui se situe juste avant qu’ils ne se serrent dans les bras, avant qu’ils ne s’embrassent.
Le promeneur du foyer n’a d’autre solution que de compléter mentalement la scène arrêtée et de se projeter dans l’histoire suggérée par les images alignées.
John Stezaker sort de l’anonymat ou de l’oubli ces portraits d’hommes et de femmes qui faisaient vivre des histoires.
Sur une première photographie, il pratique une découpe et ôte le couple à l’avant-plan d’une de ces photographies
de « foyer », laissant sur le papier une trace vide. Et ce vide, qui enlève les héros du film, rend la photographie
ouverte à tous les regards car, autour de cette découpe pratiquée dans l’image, l’environnement dans lequel
évoluaient les acteurs apparait encore et on peut aisément reconnaître les lieux : un jardin, un vestiaire, un intérieur cossu ou un mur pâlement éclairé …
L’absence des silhouettes crée une interrogation d’autant plus troublante que les acteurs et actrices – beaux, jeunes, amoureux – disparus du champ de vision existent dorénavant dans l’imaginaire du regardeur. C’est à lui de peindre mentalement leurs traits, de donner au couple évaporé, un visage et des vêtements qu’il suppose être élégants, un maintien de bonne allure, une coiffure apprêtée ou un chapeau, une façon de se regarder signifiant l’amour ou la haine, le respect ou l’indifférence, la colère ou la joie.
Ceci est d’autant plus vrai qu’il s’agit – rappelons-le – d’images éphémères, fabriquées dans un but précis, conçues pour attirer le passant disponible évoqué plus haut mais qui hésite et tergiverse, enclin à préférer ceci ou cela suivant une humeur passagère, qui prend le temps de scruter les photographies les unes après les autres et d’y introduire un désir ou une intention secrète à partir d’un détail auquel il s’accroche. Ses yeux qui saisissent un objet l’invitent à rêver d’une fiction connue de lui seul.
John Stezaker ajoute une autre photographie à l’arrière-plan de la première qui fut détourée ; une autre scène dont on ignore si elle appartient au même film ou pas, qui remplit le vide des silhouettes et déborde du cadre : un restaurant, une assemblée, un salon comprenant des personnages occupés à diverses tâches, semblant converser, étrangers à la situation de l’avant-plan.
Voilà le regardeur à présent face à une image complexe devenue brusquement étrange, apparemment vidée de ses repères mais chargée d’autres indices. Sans points communs apparents, les deux scènes superposées n’en lient pas moins des relations, des liens d’une parenté que notre imagination interprète et amplifie pour en faire un récit qui additionne des éléments hétéroclites.
Les personnages de ces collages ne sont pas à la même échelle et pas dans la même situation, comme dans les contes, où des géants apparaissent et disparaissent soudain, se volatilisent et partent on ne sait où, dans un monde étranger et côtoient des êtres minuscules.
Ou encore, comme naguère, dans les salles de cinéma on regardait les acteurs évoluer dans un paysage, une scène d’intérieur, un mobilier, qui n’était sans doute qu’un décor fragile ; un de ces décors de carton et de toile, maintenus droit par des poids et des béquilles posées à l’arrière de la structure, changés rapidement suivant les phases successives de l’action.
Dans le mouvement rapide de la pellicule qui traversait la salle, un faisceau lumineux chargé de poussières faisait apparaître ces tableaux factices et les acteurs d’une romance pour des couples se tenant la main, chuchotant et s’enlaçant.
Ainsi, l’ombre du décor devient l’ombre des personnages et on adhère à ce monde fascinant sans désirer faire le tri du vrai et du faux car le monde est également composé d’une addition de réalités diverses.
Ainsi en est-il des collages de John Stezaker dans lesquels les scènes superposées s’additionnent pour n’en former qu’une, mêlant souvenirs et découvertes dans les fenêtres ouvertes sur les « photographies de foyer ».
Laurent Busine
Historien d’art et commissaire d’exposition. Ancien directeur du MAC’S au Grand-Hornu de 2002 à 2016.
Ancien directeur des expositions au Palais des Beaux-Arts de Charleroi de 1983 à 2002. Auteur de nombreuses publications dont la première monographie consacrée à Giuseppe Penone.
09.02.23 - 04.03.23


“Domination, domestication et amour sont profondément enchevêtrés. Le foyer est le lieu où les dépendances au sein des espèces et entre elles sont les plus étouffantes. Malgré tout le plaisir qu’un foyer procure, ce n’est peut-être pas le meilleur espace sur Terre pour la vie multi-espèces. Considérez plutôt la généreuse diversité des bordures de route.”
Anna L. Tsing – Proliférations (Wildproject, 2022)
Anna L. Tsing – Proliférations (Wildproject, 2022)
Monika Michalko construit une peinture magique et intuitive. Elle débute rarement à partir d’un support vierge. Le plus souvent, par nécessité, elle recouvre des peintures existantes pour en ressentir les abysses. Elle travaille dans l’épaisseur, non seulement de ses propres images, mais aussi de sa mémoire, son imaginaire, ses errances et ses fantasmes. À l’intérieur de ce vortex illimité, elle puise des motifs au creux de rêves, de pensées poétiques ou d’éléments réels. Monika Michalko plonge à l’intérieur de ce que le philosophe Paul B. Preciado nomme la somathèque. Il précise : “Le corps, c’est une somathèque : un ensemble de représentations, de rituels, de techniques, de normes de théâtralisation.” (2020) En biologie la somathèque signifie littéralement l’enveloppe de cellules. Elle est le lieu de stockage des données d’une histoire faite de généalogies, d’émotions, de souvenirs, de secrets et de silences. L’artiste explore ainsi ce qui la constitue au passé, au présent, comme au futur en peignant des scènes flottantes au cœur desquelles des objets du quotidien (bouteilles, chaussures, vases, lampes, etc.) et des êtres vivants (humains et plus qu’humains) agissent, résonnent et cohabitent.
Monika Michalko plonge en elle-même pour en extraire des fragments, des éléments de situations qui ne proposent aucune narration, des corps fantomatiques, des couleurs franches et en demi-teinte, des lumières éclatantes et des ombres caverneuses. Les peintures nous invitent alors à plonger à notre tour dans cette vie cryptée dont certains indices s’entrechoquent nécessairement avec la nôtre. Depuis son enfance, Monika Michalko manipule des images. Celles de son frère photographe, mais aussi toutes sortes d’images récoltées. À partir des images existantes, elle développe une pensée du collage où les formes, les couleurs, les lumières et les motifs s’articulent les un.es aux autres. Une pratique qu’elle poursuit à l’école d’art de Hambourg et qui ne quitte pas son travail actuel. L’artiste dit travailler “en réaction puisqu’une image en amène une autre”. De cette pensée rhizomatique et émotionnelle de l’assemblage jaillit la part merveilleuse et mystérieuse de son univers plastique.
Il est communément dit que la nature a horreur du vide. Monika Michalko en prend acte. Elle multiplie les motifs qu’elle organise dans un espace faussement chaotique. Des formes liquides circulent dans et entre les peintures. Des fluides colorés et lumineux qui instillent des mouvements, qui impulsent des circulations de regards et qui allient les différents motifs présents au sein de chaque peinture. Ces formes physiologiques intensifient la dimension vivante qui nourrit et anime l’ensemble de son œuvre. Monika Michalko intègre en effet un vivant proliférant : arbres, racines, oiseaux, racines et plus récemment des coraux et autres végétaux sous-marins. Pourtant, les éléments vivants et organiques s’allient à des composants architecturaux. L’artiste structure les compositions en fabriquant des échos, des des abris à l’intérieur du territoire de la peinture : des cachettes, des espaces indéfinis formés de lumière et de couleur. C’est peut-être la question de l’habitat, au sens le plus généreux de son acceptation, qui traverse l’œuvre de Monika Michalko. Celle-ci représente de manière alternée et/ou combinée des espaces intérieurs et des paysages mentaux où le motif de l’habitat y est récurrent (maisons, châteaux, tentes, cabanes). Dans la maison, dans l’atelier ou en dehors, nous observons aussi la présence de motifs architecturaux stylisés : des portes, des fenêtres, des escaliers. Autant de motifs qui génèrent de profondes échappées vers d’autres dimensions oubliées, possibles et en devenir.
Julie CRENN




